La vie est belle

L’autre jour ma mère m’a dit qu’à force de lire mes textes, elle se demandait ce qu’elle avait raté. Ce qu’elle n’avait pas vu, pas compris, ce qu’elle aurait pu faire de mieux dans mon enfance, ce qu’elle pouvait faire à présent que je suis une adulte. Pour m’aider, pour m’apaiser. Alors je lui ai dit “tu peux continuer à lire”.
Car écrire est une thérapie qui n’est qu’à demi finie si aucun cœur ne bat au rythme de mes rimes.
De tous les lecteurs, c’est ma mère qui compte le plus. Je dis toujours que j’écris pour moi, que ça me fait du bien, que c’est un besoin. Mais quand j’écris, je m’adresse à elle. Je lui exprime mes maux, afin qu’elle comprenne mes peurs, qu’elle entende mes pleurs, mais par-dessus tout, qu’elle écoute mes rires.
Car tout n’est pas toujours tout noir, maman, mais il m’est toujours plus difficile de parler du bonheur. Il est si frêle, si fragile. On a si vite fait de le voir partir. Un soupir trop long, un souffle trop fort et ce sont toutes les cartes de notre château si durement bâti qui s’envolent.
Mais la vie est belle, aussi. Il s’agit de s’employer à regarder les petits détails, les petits riens de la vie qui forment des grands tout, qui ne peuvent être vu que par ceux qui sont assez fous pour perdre leur temps à contempler ces petits bouts.
Ceux qui s’arrêtent sur le bas-côté pour admirer les fleurs.
Ceux qui voient des animaux dans les nuages, rêveurs innocents qui prennent encore la peine de lever la tête pour la perdre dans le ciel.
La vie est belle quand on sait être libre.
La vie est belle, maman, quand on sait la voir pour ce qu’elle est. Quand on sait voir la nature, quand on sait voir les étoiles et comprendre le langage du monde, lorsque l’on s’affranchi des créations de l’homme pour apercevoir les créations de l’univers, celles que nous avions oubliées, celles que nous avions reniées pour mieux nous admirer nous-même.
La vie est belle maman, belle comme la lune, belle comme le soleil, belle comme ton odeur qui me rappelle l’insouciance de ma vie d’enfant, le corps posé entre les fleurs, les yeux vers le ciel, la tête perdue dans les nuages.