La femme qui pleure

C’est l’histoire d’une femme qui pleure. Elle est triste, parce qu’elle a perdu son amour. Un beau matin, alors qu’elle était allongée sur le lit, tranquillement en train de s’éveiller, elle a senti un courant froid traverser son corps et transpercer son cœur.
Au début, elle a cru qu’elle faisait une attaque. Et puis elle s’est tournée vers l’homme endormi à côté d’elle, dont le visage reflétait la sérénité de ceux qui jouissent encore d’un sommeil profond, innocent, pur et paisible.
Elle a passé la main dans ses cheveux, comme elle a pu le faire des milliers de fois auparavant. Mais à la différence des autres jours, elle n’a rien ressenti. Elle sait de source sûre qu’elle aime cet homme, parce que son cœur l’a dit à son cerveau. Et son cerveau, très organisé, a enregistré dans ses fichiers que ce visage appartenait à l’individu pour lequel le cœur bat la chamade.
Mais ce matin-là, au toucher de l’élu, le cœur ne s’est pas réveillé. Il est resté endormi, absent, et pire encore : indifférent.
Ce matin-là, la femme s’est réveillée sans l’ombre d’une émotion pour le conjoint que son cœur à choisi. Elle crut d’abord que c’était passager ; mais les jours ont défilé, et le cœur est resté coi. Il est resté figé, et, comme une maison qu’on abandonne, a été englouti par la nature, sauvage et abondante. La végétation a grimpé les murs de sa demeure, fortifiant de plus en plus son état léthargique. La poussière s’est installée, et petit à petit, son cœur s’est durci, pétrifié par le temps.
Un beau matin, non seulement ne sentait-elle plus l’amour réchauffer son cœur en passant la main dans les cheveux de cet homme, mais en plus savait-elle qu’il s’était changé en pierre.
Elle comprit que ses émotions s’étaient tues, et elle n’avait aucunement la certitude de les ressentir un jour à nouveau. Et ce constat, d’une tristesse infinie, lui tira des sanglots dont les larmes manquaient, car son cœur, figé, n’en produisait plus aucune.
Je suis désolée.