|

l’enfant terrible


Je suis l’enfant terrible, celui qui ne sait assagir ses idées, réduire à rien ses envies.
Celui qui ne sait imposer le silence à ses fantasmes,
fantasque enfant gambadant qui de joie embrase la forêt ;

Flamboyant incendie levant au ciel par sa fumée opaque,
les espérances scandées de l’innocent excentrique.

Il n’est de compromis que la mort pour qui souhaite vivre sans filet, sans concession,
sans jamais céder la moitié de ses passions.

Je suis l’enfant terrible qui refuse à ses parents la douceur des songes de la nuit,
leur confisque le privilège du sommeil.

L’enfant terrible qui ne sait résister aux sirènes de ses envies,
laissant au diable la discipline et l’ennui,

L’enfant terrible qui, téméraire, se perd dans les méandres d’un chemin tortueux
qu’il n’a jamais été si heureux d’arpenter, malgré ses peurs à lui attachées.

L’enfant qui refuse l’impossible, convainc Lucifer de danser avec lui;
tandis que pour un goût de possible, son âme il laisse aux enfers;

Celui qui ne trouve du sens que dans l’absolu des espoirs qu’il nourrit,
offusqué que l’on puisse lui demander de se poser,
de se calmer, de s’installer.

De croupir pour toujours au même endroit, avec les mêmes êtres, en répétant les mêmes gestes.

L’enfant terrible ne sait pas dire d’accord, ne sait pas compromettre;
et lorsqu’on lui demande de mûrir, il meurt.

Reconnaissons au moins à ce monstre turbulent le courage dont il fait preuve pour chasser sans relâche,
au mépris de la sécurité, au mépris des conventions, ses rêves et ses idées folles.

Reconnaissons à cette terreur l’inébranlable conviction qu’il existe mieux que des à peu près,
des « il y a pire » et des tant pis.
Qu’il existe pour lui un cadeau, un extraordinaire chatoyant et fleuri,
une aventure merveilleuse dont les adultes maussades n’osent plus être curieux.

Concédons-lui de refuser de se plier à la morosité terre à terre d’une société qui ne l’a jamais vraiment compris,
qui l’a pris pour acquis en pensant avoir sur lui un droit de conformité.

Admettons lui l’audace de construire, à la force de ses bras, de sa volonté sans faille,
Un portrait unique, une identité singulière;
en faisant fi d’une réalité trop grise pour les couleurs de son caractère;

Des couleurs qui dansent à l’intérieur de lui
pour chasser à jamais les tumultueuses vagues
qui plus d’une fois ont voulu l’engloutir.

Sur le fil, cet enfant là s’est tiré des griffes d’un dragon terrible,
lorsqu’enfin il comprit qu’il ne servait à rien de vouloir à tout pris enfiler le manteau d’autrui. 

A lire également

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *